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C’était autour d’elle comme un rideau de pluie.
Elle avançait tel un fantôme, un minuscule fantôme timide et fuyant, presque invisible dans le treillis des petites perles que traversait à peine la lumière assombrie de cette fin d’après-midi.
Aux arbres, les feuilles s’agitaient, comme frissonnantes, solitaires. Parfois, l’une d’elles se détachait et doucement tourbillonnait dans l’air chargé d’humidité. Louise frissonnait à son tour, solitaire elle aussi.
Bien que ce fût la Toussaint, le cimetière, à cette heure, s’était vidé ; la jeune femme, elle, poursuivait sa visite aux morts, mais d’une démarche erratique, comme les chats qui passaient là, en ombres furtives.
Elle s’évanouissait derrière un arbre pour réapparaître courbée au-dessus d’une pierre tombale, grise, si grise ! Essayait-elle d’en lire l’épitaphe ? Mais la brume qui montait du sol s’étendait par lambeaux de plus en plus larges, de plus en plus enveloppants, comme un écran d’humidité : les noms dis-paraissaient, tout se noyait dans le regard.
Elle se pencha enfin vers une tombe. Elle écarta les herbes qui cachaient la pierre.
Trois noms apparurent ou du moins elle crut les voir car, dans le soir qui tombait, pouvait-elle les distinguer ?
Elle entendit un léger bruit, les feuilles mortes sur lesquelles on marchait ?
C’est alors qu’elle perçut dans l’air comme un tremblé, une présence inconnue, imma-térielle. Elle se redressa, regarda vers le ciel, là où les feuillages des arbres, de chaque côté de l’allée, se rejoignaient, formant une voûte sombre – « l’entrée de la caverne », se dit-elle vaguement, comme l’accès feuillu à un sein végétal qui déploierait, si le soleil brillait, la splendeur de ses couleurs pourpres.