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LA CHUTE D’ICARE (BRUEGEL)
Tout le ciel vert se meurt.
Paul Claudel
Il parlait de la mer, une fois,
Des tempêtes, de l’océan. Il ignorait
Les noms que leur donnaient
Les cartes de géographie. Même les mots
Venaient souvent à lui manquer.
Le ciel était sa destinée, tout juste
Une syllabe ou deux, et une fois encore
Allait s’ouvrir la porte
Qui ne se ferme plus. L’éclat d’une lumière
Emplissait son esprit, aveuglait son regard.
Le laboureur et le berger
Ne s’occupaient de rien, qu’à leurs affaires.
Des bateaux voguaient sur les flots,
Tandis que se noie le garçon.
Icare au regard bleu. J’ai goûté sans mesure
Tous les fruits de la terre.
J’ai labouré la mer, dérobé le soleil
Et les ombres du soir, les jeux du crépuscule,
L’autre soleil aussi, le soleil de la mort.
J’y consens maintenant, ce signe m’accompagne.
Tout y trouve sa place. Le silence des mots
A remplacé les couleurs de l’enfer.
Je monte vers l’azur. Mes ailes sont des plumes
Retenues seulement par un ruban de cire.
Je dis ce que j’ai vu. La cire lentement
Se mit à fondre sous les flammes du soleil.
Me voici nulle part. Loin de l’île de Crète.
Mon corps s’est détaché de soi-même et de moi.
Ne plus rien voir. Pas même ce troupeau égaré dans la mer.
Pieter Bruegel l’Ancien peignit, sur une toile,
Cette Chute d’Icare,
Vers mille cinq cent cinquante hui