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Entends-tu l’infini bruissement des herbes, des fleurs, qui dansent autour de toi ?
Observe ce papillon qui découpe avec ses ailes des bulles de couleur, en chevauchant l’espace, d’un battement à l’autre.
Tu peux le voir comme tu ne l’as jamais vu, création instantanée et merveilleuse. Animé du savoir que tu viens d’acquérir, tu devines sa nature, tu supposes ses yeux, ses dentelles, ses piques minuscules qui sous son voile coloré hérissent son corps profond.
Au creux de l’infiniment petit, tu as touché du doigt de ta conscience cette poussière promise à l’heure venue de ta disparition. Ton acharnement à combler le vide a hésité devant ce nouveau monde qui s’ouvrait à toi, effrayant peut-être mais présent, à la seule condition d’accepter un instant la place infime du minuscule.
L’angoisse, la folie, toujours si proches.
La familière étrangeté de l’autre, souvent brutale et déconcertante, quitte parfois les labyrinthes obscurs de l’âme et se dépose dans l’analyste qu’il m’arrive d’être avec ses terreurs, autant de morsures hérissées par l’émotion dans les fibres du corps. Dans ce duel intime, en quête du sens, l’attrait des certitudes sert d’ancrages ou de défense. Il convient pourtant de laisser battre l’aile du papillon, de laisser glisser les morsures dans les replis profonds de la mémoire, à la recherche d’une trace commune, toujours présente mais difficile d’accès.
À peine sorti de ce monde inconnu, je me retrouve curieusement calme, avec le sentiment d’un infini de vie bouillonnante autour de moi, animale, végétale, humaine, d’une vie en partie invisible qui anime l’univers, qui me fait vivant, car je sais maintenant que son étendue n’a de limites que les miennes.
Je suis simplement content d’être là, maintenant, dans ce présent qui meurt d’être né, et qui renaît encore à l’aube du futur, acarien minuscule sur un tapis d’étoiles.
Je laisse venir les mots et les images dictés par le souffle profond de mes racines.