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Et seule et brune et nue
Avec sa peine
Son amour suffoqué en plein vol
L’insensé du trépas
Le chancellement du corps
Le vertige
L’envie de dire
Mais
**
La voix sans voix
Les mots en réserve du poème inlassablement replié
sur lui-même
Les à peine deux ou trois larmes de rien contre lesquelles on ne peut mais
**
De la sorte
Un brin de fleurs jaunes à hauteur du cœur
Et
**
L’âpre goût d’inachevé de
Notre amour à nous deux mon amour
Amour inhumé à qui je parle
Parle et tant dans ma tête défaite de tant de remords et questions
**
Remords et questions
**
Lors
Le corps au vent soumis quoique enraciné dans les pas du récit
Elle attendit la nuit
La vit argentée tomber sur le port
La laissa la gagner
La fit sienne
Ferma les yeux tel on condamne l’huis de la vie à tout jamais
Et
Les bras le long du corps
Les seins ronds et bas couverts d’une sorte désormais bien connue d’acacia
Elle écouta
**
D’abord un long silence
Puis
La nuit en moi m’épousa en amant du dedans
Les membres négligemment entravés
Les yeux bandés pour m’abandonner mieux
Mon corps soumis (c’était délicieux)
Mon corps soumis s’ouvrit
Fut pris par un souffle
Une voix
Des mots dans la voix et
Dans le sang d’un baiser
Tout fut dit dans la tempête les flammes les craquements les déchirures du feu
Le vent tomba
La lune devint blanche
La marée étouffa braises et silences
Se confondit par après avec le bleu du jour et
J’eus beau mon amour t’étreindre contre mon cœur
Promettre à nouveau de relater notre traversée
Tu semblas ne plus pouvoir rien entendre ni dire mais me confia
Dans un ultime effort
Le mot-clé des mots conjuguant fleurs et couleurs